le billetd’édouardde frotté Moi aussi les mots m’ont avalé
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«Les mots sont des grenades dégoupillées » écrit Bernard Pivot dans un livre récent intitulé : Au secours ! Les mots m’ont mangé. Cet académicien du Goncourt, célèbre naguère grâce à son émission « Apostrophes », s’est lancé dans « l’immense peuple des mots » qui saute sur nous, paraît-il, « comme des sauterelles. »
Disons, en termes moins littéraires, qu’ils influencent notre pensée et révèlent notre identité. Voilà pourquoi, quittant un instant les méandres de l’actualité, j’aime à me plonger dans les mots aussi désuets qu’imagés de mon bocage. Faute de sauterelles, je rêve de les voir surgir derrière les haies. Avant de clapoteu et fermer mon parapluie (mourir) ou même simplement démateu et chapoteu (perdre la raison), j’aimerais m’birdeu (rebondir) d’un coup d’ pieu au cul (rasade) avec gros bière (cidre), ajoutant rincette, rincinette, rinsurlurette, gloria, pousse-tout et pour éviter d’aller, incendieu saoul, à Versailles (au fossé) j’aimerais reste (me coucher) et piqueu les choux (dormir), paupassant (rêvant) que je me suis agaillardi (devenu) traîne-pouche (clochard), pocrassier grimaud, encraudeu (ensorcelé) par des piteurnes (revenants), enfin foucadeu (capricieux) et tête de potine (entêté). Puis, deubaubeuyant (me réveillant), et décanichant, jem’gouleyeu (réjouis) sans être chaudard (coureur de jupons), euberluant (à la vue) les poul d’iau (lavandières) enjauleuses et Marie-torchettes, avec bonnes culasses, bergouland (papotant) dans la rote à bique (sentier) sur les graboteux et accouveux de poules (fainéants) dont je fais, hélas, partie ! Nom de gouette (morbleu) ! Ma bourdouilleu (bafouille) n’est-elle pas aussi gouleyante que celle qui a fricotteu (mangé) Pivot ? À vous de juger.
La majorité des expressions est tirée de l’ouvrage Le Vocabulaire normand du bocage Domfrontais, de Bernard Desgrippes, édité par Le Pays Bas-Normand.
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